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2 Caractéristiques de l’approche standard en économie

Toute approche théorique s’appuie sur une certaine simplification des phénomènes réels qu’elle essaie d’analyser et de représenter. L’approche standard n’y échappe pas, et aborde l’analyse des problèmes économiques, avec une vision simplifiée des comportements des agents et de leurs interactions.
Illustrons cela par un exemple très élémentaire. La Figure 2.1↓ représente le choix, par des consommateurs individuels, du panier de biens que chacun voudrait consommer. Il s’agit en fait d’une question de base en économie (la détermination de la consommation d’un agent sur des marchés concurrentiels), qui fait souvent l’objet d’un premier cours d’analyse économique tel qu’il est dispensé dans toute faculté de Sciences économiques.
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Figure 2.1 Problème initial : prise de décisions économiques
Chaque agent possède des goûts personnels qui le conduisent à préférer certaines combinaisons de biens à consommer (des paniers de consommation) à d’autres et il est supposé choisir, de manière rationnelle, le panier le meilleur du point de vue de ses goûts, étant donné son pouvoir d’achat qui dépend de son revenu et des prix des différents biens (ces biens étant rarement gratuitement disponibles dans une économie capitaliste de propriété privée qui est le cadre de référence de cette approche).
Chacun des consommateur résout par conséquent un problème d’optimisation sous contrainte : est la quantité du bien , est le prix de ce bien sur le marché, représente la satisfaction relative que tire de chaque panier de biens que le consommateur envisage de consommer et est le revenu du consommateur.
Le panier de bien que choisira l’agent dépend donc de ses goûts, de son revenu disponible et du coût unitaire des différents biens correspondant à leur prix sur les marchés.
Or ces prix devraient normalement résulter, dans ce cadre, de la confrontation des désirs de consommation des agents avec l’offre des biens (que nous supposerons ici donnée pour simplifier l’exemple), les biens relativement plus désirés par les agents bénéficiant ayant d’une valorisation collective (reflétée dans le prix de marché du bien) plus élevée. Par conséquent, pour pouvoir consommer, chaque agent a besoin de connaître les prix sur les marchés, mais ces prix eux-mêmes doivent résulter du désir de consommation pour les différents biens des agents, et donc de leur demande de biens. Nous sommes confrontés dès le début de l’analyse économique, même sur une question aussi élémentaire, à un problème de circularité dans les interdépendances entre les décisions individuelles.
Le lecteur pourrait penser à ce stade que cette difficulté émerge ici uniquement à cause de la nature statique du cadre caricaturale que nous avons adopté pour discuter les problèmes de choix et qu’un cadre dynamique ferait tout simplement faire disparaître cette difficulté. En fait ces difficultés deviennent au contraire encore plus formidables dans un cadre dynamique : le consommateur qui pense vivre un nombre inconnu de périodes doit alors résoudre un problème de maximisation encore plus complexe
est le vecteur des quantités des différents biens (le panier de consommation envisagé) à chaque période , et est le facteur d’actualisation qui représente la préférence pour le présent du consommateur (qui est supposé préférer une consommation présente à une consommation ultérieure). On voit alors que cette fois-ci, pour déterminer sa consommation d’aujourd’hui, l’agent a besoin d’information sur tous les prix futurs de tous les biens et sur ses revenus futurs, information sans laquelle il est incapable de calculer son panier optimal de bien à consommer à chaque période.
Comment l’approche standard résout-elle ce problème? La Figure 2.2↓ donne la démarche générale adoptée par cette approche pour dépasser cette circularité.
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Figure 2.2 Approche standard de du problème de consommation
En effet, dans cette approche, le niveau de l’analyse se situe au niveau des individus composant l’économie, mais leur décisions dépendent néanmoins des données collectives, dont les prix des biens. Il est donc nécessaire de connecter le niveau individuel où se prennent les décisions et le niveau collectif (en général les marchés des biens, supposés anonymes et complets) où se définissent les prix [F]  [F] Remarquons au passage que même dans un cadre plus réaliste où chacune des firmes peuvent fixer un prix, les prix auxquels les échanges auront effectivement lieu dépendront de la confrontation de la demande totale et de l’offre totale sur le marché et, potentiellement, du mécanisme de rationnement en vigueur sur ce marché.. Il s’agit d’un problème d’agrégation des comportements individuels et c’est un problème fondamental dans l’analyse économique. L’approche standard mobilise deux autres piliers (en plus de la rationalité des agents qui est le plier central) pour résoudre relativement simplement ce problème : s’intéresser à l’équilibre des marchés où les décisions des agents sont parfaitement compatibles entre elles et les anticipations rationnelles ou les prévisions parfaites qui permettent aux agents d’envisager à l’avance les prix qui vont rendre compatibles leurs décisions. Ces trois piliers sont alors combinés, comme illustré dans la Figure 2.2↑, pour déterminer les quantités effectives qui vont s’échanger sur les marchés et les prix auxquels ces échanges vont avoir lieu. Nous allons maintenant présenter un peu plus en détail chacun de ces trois piliers.


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