La reconnaissance de l’autonomie relative des différents niveaux du système permet de les analyser tout en gardant en esprit les interdépendances entre les niveaux et la nécessité d’effectuer une synthèse en vue de comprendre la dynamique globale. C’est ce que [Auyang, 1999] appelle la microanalyse synthétique. On peut effectivement isoler les sous-parties du système tout en incluant dans l’analyse ce qu’Auyang appelle la «causalité descendante». La modélisation de la rationalité limitée des comportements individuels, par exemple, peut parfaitement prendre en compte des normes sociales qui guident les règles de satisficing des agents, comme l’idée que l’agent individuel se fait d’une propriété agrégée du système tel le profit moyen dans le secteur.

Les modèles évolutionnistes incluent très naturellement des variables appartenant à des niveaux différents pour tenir compte des interdépendances entre les différents niveaux, même quand ils concernent les mécanismes qui relèvent principalement d’un niveau particulier. Dans la tension qui existe, dans les sciences sociales, entre l’individualisme méthodologique et l’holisme intégral, l’approche en termes de SCA constitue par conséquent une approche intermédiaire pragmatique qui adopte un niveau d’analyse variable en fonction des phénomènes qu’on analyse.

Nous avons maintenant mis en place un ensemble d’outils conceptuels et analytiques pour aborder les dynamiques économiques. La première étape de nos analyses va concerner l’articulation entre le niveau individuel et les résultats collectifs : la question centrale de la coordination des activités économiques. C’est un point central dans la mesure où il questionne de fait les trois piliers de l’approche standard et la possibilité de la convergence des anticipations et des comportements des agents vers un état qui aurait les propriétés d’un équilibre.