Darwin montre très clairement pourquoi la sélection (même associé à l’introduction de la diversité) ne conduira pas nécessairement à un perfectionnement des organismes, à une
optimisation de leur structure. Par ailleurs, nous verrons que l’absence de pression sélective extrême renforce encore ce phénomène. En effet, la pression sélective émerge uniquement en présence d’
avantages relatifs qui permettent aux individus qui en bénéficient d’obtenir un avantage reproductif réel. En l’absence d’un tel avantage significatif, la pression sélective sera relativement faible et des caractéristiques même faibles pourront continuer à exister dans la population. Dans un environnement abondant en ressources, cette idée paraît assez évidente. Mais la nature relative de l’avantage sur lequel se base la sélection fait que nous pouvons voir l’émergence de comportements assez néfastes collectivement comme cela a été mis en lumière par les biologistes, sous la dénomination de
spite-effect [Hamilton, 1970] : si certains individus arrivent à infliger des dommages aux autres, tout en s’imposant aussi des dommages, mais moindres que ceux infligés aux autres, ils pourront augmenter leur avantage relatif et bénéficier d’une pression sélective plus faible. Ce type de mécanisme peut bien sûr conduire vers une situation qui serait bien le contraire d’un optimum. Nous reviendrons plus loin sur cette possibilité dans un cadre économique
[Vega-Redondo, 1997].