Comme le petit exemple que nous venons de considérer le montre, l’application répétée des règles simples de reproduction et de prélèvement par le milieu (la sélection) nous donne l’évolution de cette espèce dans son milieu. Dans notre exemple, cette évolution conduirait à une situation toute nouvelle : la domination totale de la population par les souris grises.

C’est l’articulation et la répétition de ces opérations qui mettent en oeuvre la dynamique d’évolution de l’écosystème.

Ces trois propriétés correspondent exactement à ce qu’on appelle en informatique un algorithme. Par conséquent, ce que Dennett appelle "l’Idée dangereuse de Darwin" correspond au fait qu’un algorithme simple peut produire des résultats très sophistiqués (comme le moindre des êtres vivants, mais aussi le cerveau humain), s’il est répété suffisamment de fois. Nous allons voir des exemples de ce processus dans le chapitre suivant. Par conséquent, la complexité du monde n’a pas besoin, pour apparaître et pour exister, d’une mécanique ou d’un concepteur sophistiqués.

Un mécanisme de tournoi, par exemple, est un mécanisme de sélection qui fournit toujours un gagnant, quelque soit la sophistication du jeu (tournoi d’échec mondial ou tournoi de football entre les quartiers). Après coup le résultat peut paraître exceptionnel (le gagnant a battu tous ses adversaires) mais cela résulte d’un mécanisme de sélection extrêmement simple : faire rencontrer les joueurs deux par deux et retenir seulement le gagnant. Cela est la force des algorithmes de sélection.