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3.2 Nécessité de tenir compte de l’hétérogénéité des agents et de leurs comportements
La diversité des agents et de leurs comportements est souvent mise de coté pendant la mise en oeuvre de l’approche standard et de ses trois piliers. Les principes mobilisés par cette approche ne sont nullement incompatibles avec une telle diversité, mais dans la pratique cette dernière rend souvent très difficile, si ce n’est impossible, la résolution des modèles, et quand elle est quand même présente, elle est prise en compte de manière très limitée, sous la forme d’un nombre réduit de types d’agents de chaque classe, chaque type étant représenté par un agent «typique» (interprété parfois comme une moyenne de tous les agents de ce type ou de cette classe) : l’«agent représentatif» [Kirman, 1992].
Or, l’hétérogénéité des agents est loin d’être une rareté car les processus d’apprentissage des agents conduisent assez naturellement à une diversité fondamentale et endogène comme nous venons de le discuter dans la section précédente. En fait, l’approche de l’économie en tant que SCA fait clairement apparaître le rôle fondamental que cette diversité joue dans la richesse des dynamiques économiques dans la mesure où la dynamique d’une économie résulte de l’articulation [Dennett, 1996]
des mécanismes de création de diversité en son sein (innovation et entrées de nouveaux agents, etc.);
des mécanismes sélectifs qui y sont en vigueur (concurrence entre les firmes, entre les économies nationales, etc.).
Par conséquent, l’hétérogénéité n’est pas une complication, mais l’un des moteurs fondamentaux de la dynamique économique.
De manière générale, la confrontation d’une population différenciée avec des mécanismes de sélection permet d’envisager facilement des processus de changement structurel qui correspondent dans ce cas à la variation dans le temps des proportions des différents types d’agents dans l’économie. Les dynamiques économiques résultent alors de ce changement structurel et le conditionnent en retour.
Très couramment les mécanismes de sélection couvrent et articulent différent niveaux de l’économie (individus – départements – routines – firmes – industries) :
La pression sélective sur les marchés conditionne et résulte de l’évolution des parts de marché des firmes;
la pression interne entre les départements dans la résolution des problèmes rencontrés déterminent les routines qui seront utilisées au sein de chaque département pour développer de nouvelles solutions
et la pression sélective au sein d’un département déterminant les relations de pouvoir entre agents en son sein.
La dynamique de l’économie prend alors la forme d’un processus de co-évolution des entités d’échelles différentes et la vision en tant que Systèmes Complexes Adaptatifs (SCA) fait disparaitre les ruptures entre les niveaux micro-méso-macro [Auyang, 1999]. De plus, cette dynamique ne se limite que très rarement aux états d’équilibre de l’économie.
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