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Cette formulation historique des anticipations adaptatives est assez proche de l’idée de Keynes et elle est basée sur l’hypothèse, de la part des agents, que le monde de demain va fonctionner exactement comme ceux d’aujourd’hui et d’hier et par conséquent, si on corrige simplement les erreurs d’anticipations, on devrait pouvoir finir par parfaitement anticiper les réponses de l’économie :
où l’indice représente la période de temps, l’exposant la valeur anticipée de la variable économique et est un coefficient qui représente la vitesse de la correction des erreurs de la part des agents. Dans un monde statique qui se répète, cette correction devrait conduire vers une convergence éventuelle entre les anticipations et les observations.
Mais cette convergence n’est pas du tout assurée si le monde est en perpétuelle évolution, notamment du fait de la mise en oeuvre des politiques économiques nouvelles. Cette observation va conduire Robert Lucas à formuler une critique de cette approche qui va en sonner le glas [Lucas, 1976] : Les politiques économiques ou les innovations technologiques changent le monde et, par conséquent, il est difficile d’imaginer que les agents ne vont pas significativement adapter leurs comportements à ces changements. Par conséquent, il n’est pas raisonnable d’imaginer que les anticipations des agents vont suivre une simple procédure de correction progressive d’erreurs d’anticipations. La critique initiale de Lucas portait sur la possibilité d’évaluer les effets potentiels des politiques économiques sur la base d’une telle dynamique des anticipations, mais la critique a une portée bien plus générale : comment peut-on raisonnablement accepter l’hypothèse que les agents continuent à former des anticipations selon un schéma qui se révèle clairement défectueux car basé sur une représentation erronée de leur monde? La réponse de Lucas et des Nouveaux classiques va être de supposer que les agents aient nécessairement la représentation (le modèle) correcte de l’économie et l’utilisent pour former leurs anticipations, ce qui va donner naissance à l’hypothèse des anticipations rationnelles.
Or, il est parfaitement possible de tenir compte de la capacité des agents à corriger le modèle de l’économie avec lequel ils forment des anticipations, sans pour autant à l’hypothèse extrême des anticipations rationnelles, comme nous allons le discuter après l’application suivante.
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