Nous avons vu dans le chapitre
2↑ que la prise de décision par un agent substantiellement rationnel dépend nécessairement de ses anticipations sur les conséquences potentielles de ces décisions et donc sur les comportements/décisions des autres agents, dont les décisions optimales dépendent à leur tour, de leurs anticipations, notamment sur le comportement de l’agent que nous considérons. Nous avions noté alors qu’il y a clairement un problème de circularité qui rend indéterminés les comportements optimaux des agents si on ne complète pas ce processus de prise de décision par des anticipations rationnelles comme le fait l’approche standard. En effet, on tranche ainsi ce noeud gordien en déterminant simultanément les anticipations des agents et les comportements optimaux qui en découlent, en supposant que ces anticipations seront coordonnées grâce à un équilibre (de préférence unique) de l’économie. Cette démarche permet effectivement de déterminer les comportements des agents, leurs anticipations et les propriétés de l’économie à l’équilibre, mais n’explique aucunement comment ces anticipations se forment. Or, le processus de formation des anticipations peut jouer une rôle déterminant dans le comportement des agents et de l’économie en dehors de l’équilibre. Aussi est-il impossible de caractériser l’équilibre comme un état émergeant de l’économie, si on ne peut étudier la dynamique des anticipations des agents et vérifier si elles convergent vers les anticipations rationnelles correspondant à l’équilibre considéré.
Comment tenir compte de cette dynamique d’évolution des anticipations en fonction des expériences des agents, y compris en dehors de l’équilibre?