Quand elles concoivent leurs produits, les firmes doivent tenir compte qu'il existe déjà une très grande diversité de biens. Ainsi la demande du nouveau produit sera-t-elle dépendante des demandes des biens existants. De manière générale, la vie en société implique des interdépendances au niveau du bien-être des agents:
Par conséquent, la compatibilité entre les biens ou les marques détermine la productivité dans la production et le bien-être des consommateurs.
Le choix des standards peut avoir un impact considérable sur le bien-être et donc sur les profits des firmes qui les adoptent car un standard unique regroupe les demandes de toutes les marques ensembles. Mais un tel standard ne peut émerger que si toutes les firmes acceptent de l'adopter. Nous avons en fait un jeu de coordination. Soient deux firmes et qui doivent choisir entre deux standards et :
B | ||||||||||
A |
Le résultat du jeu correspond à l'équilibre de Nash.
La première partie correspond à une Bataille des sexes. Si même si chaque firme a un standard préféré, elles préfèrent utiliser le même standard. Dans la seconde partie, il y a une forte prime à la différenciation (PC-Mac dans les années 80). Quand il y a des standars multiples, les producteurs peuvent être incités à rétablir une compatibilité minimale pour ne pas trop pénaliser leurs consommateurs.
Qules sont les motivations des firmes à standardiser, quelles en sont les conséquences sur le bien-être des consommateurs?
Section 1 : une industrie quand les goûts des consommateurs sont sujet à des externalités de réseau.
Section 2: la présence de services complémentaires peut aussi conduire à la standardisation.
Section 3 : Compatibilité des composantes peut aussi conditionner les choix des firmes.
Un continuum d'utilisateurs potentiels de téléphone dans une ville. Les utilisateurs sont inversement ordonnés selon leur désir pour ce service et ils sont placés sur l'intervalle .
Soit le nombre actuel d'abonnés au téléphone et le prix de l'abonnement. L'utilité du consommateur est donnée par:
Etant donné que cette utilité dépend de nous avons des externalités de réseau.
Si est le concommateur qui est indifférent entre les deux options, nous devons avoir:
Et le nombre de consommateurs qui accepteront cet abonnement est Par conséquent, la demande inverse est donnée par
Nous voyons donc que pour chaque prix il y a deux demandes possibles: une demande basse et une demande haute Dans la solution basse il ya peu d'abonnés et l'utilité de chacun est faible. Mais c'est une solution instable car si la demande devenait le nombre d'abonnés augmenterait pour tendre à (tous les consommateurs contenus dans s'abonneraient d'un seul coup). Ce point est appelé la masse critique.
Considérons que le compagnie de téléphone est un monopole et que ses coûts sont nuls. Ses profits sont donnés par:
Son problème est alors:
si |
Il y a deux extrema et mais seulement maximise lee profit. Par conséquent, le monopole va choisir de ne pas fournir ce service à toute la population . Le prix optimal qui en découle est, dans ce cas, La tarification au coût marginal aurait conduit à deux solutions extrêmes: ou
Nous considérons maintenant deux variétés différentes pour le bien avec des consommateurs hétérogènes: certains préfèrent la marque et d'autres, la marque . Il y a deux firmes et chacune produit une seule variété.
Nous considérons toujours un continuum de taille Il y a consonmmateurs qui préfèrent la marque et consommateurs qui préfèrent
(Farrel and Saloner (1986))
où
représente le nombre de
consommateurs achetant la variété
avec
Remarques:
Si
et
le produit est standardisé sur la variété
Si
et
standardisation sur
Si
et
production avec deux standards incompatibles.
Une allocation des acheteurs entre les deux variétés est un équilibre si aucun consommateur peut améliorer son utilité en changeant de variété achetée, étant donnés les choix de tous les autres consommateurs.
Si on a un équilibre avec une seule marque tout consommateur dont la marque préférée est doit retirer une utilité plus importante en consommant . En consommant il obtient
et comme son poids individuel est négligeable (étant donné le continuum), il doit avoir, s'il consomme seul la marque
Si il n'existe pas d'équilibre mono-standard.
Dans le premier cas, les externalités de réseau dominent l'effet de variété idéale et le consommateur préfère consommer le même bien que les autres. Par conséquent, il existe deux équilibres mono-standard avec avec une standardisation sur ou sur
Considérons un équilibre où chacun consomme son bien idéal Cela peut uniquement apparaître si personne ne désire changer sa consommation
et |
S'il n'existe pas d'équilibre mono-standard , un équilibre multi-standards trivial existe
Le surplus des consommateurs dans les différents cas:
La comparaison de ces équilibres du point de vue du bien-être social nous donne:
Si la désutilité de consommer la marque moins désirée n'est pas trop forte l'équilibre bi-standards incompatibles est Pareto-dominé par les équilibres mono-standard puisque nous avons pour au moins un type des standardisation Nous avons au lieu de
Si l'équilibre bi-standards est socialement optimal si et seulement si et (donc quand la perte d'utilité provenant de la consommation d'un bien non-idéal n'est pas trop forte) et c'est le seul équilibre.
La Proposition montre que si les seuls équilibres sont mono-standard. Mais Proposition - montre que si la marque est majoritairement pré férée, une standardisation sur est socialement sous-optimale. Nous avons par conséquent
Mais avec un minimum de coordination les agents pourraient atteindre l'équilibre socialement optimal.
Néanmoins, si mais le bien entre le premier dans le marché, la base installée de va empêcher l'entrée de sur le marché dès que agents adoptent la marque :
D'autre part
Les propriétés des équilibres dépendent donc de la force des externalités de réseau et de la fidélité des consommateurs à leur marque.
Peut-on avoir des effets de réseau sans supposer initialement des externalités de réseau dans l'utilité des consommateurs?
Considérons une industrie où les consommateurs tirent leur satisfaction de la consommation d'un bien principal et d'une variété de biens complémentaires (spécifiques à chaque marque) que nous appelerons les services de support.
En général ce type de services est effectivement incompatible entre les différentes marques (logiciels pour les PCs logiciels pour Apple).
Soient deux types d'ordinateurs et . Chaque consommateur dispose de francs pour acheter un ordinateur et un ensemble de logiciels écrits pour le type d'ordinateur qu'il choisira.
Soit le prix de chaque ordinateur . Par conséquent, la somme que le consommateur peut consacrer à l'achat de logiciels est donnée pour chaque marque par
(4.1) |
Soit le nombre de logiciels disponibles pour la marque . L'utilité des consommateurs qui achètent la marque est croissante avec . Les consommateurs sont représentés sur le segment selon l'indice qui indique leur pré férence pour la marque .
L'utilité du consommateur est alors donnée par
Le consommateur est indifférent entre et si
(4.3) |
Comment est-ce que l'offre de logiciels est déterminée? Nous n'allons pas modéliser complètement le secteur de logiciels.
En substituant ces valeur dans
Les effets de réseaux apparaissent alors dans l'interdépendance des demandes des deux marques.
Preuve : Les deux premières parties sont évidentes. La dernière découle de l'enchaînement suivant
Imaginons maintenant qu'une compatibilité partielle existe entre les deux marques.
La compatibilité n'est donc pas nécessairement symétrique.
Notons par le nombre de logiciels spécifiques à la marque Si les logiciels sont partiellement compatibles
Sans développer totalement le modèle, exposons-en les conséquences avec un cas simple: l'industrie produit un nombre non-nul de logiciels spécifiques pour les deux types et et sont donnés. La figure suivante représente alors les propriétés de l'équilibre.
(Pour la preuve de la seconde partie voir Chou et Shy (1993)). Cela explique notamment pourquoi MS ne facilite pas l'utilisation des licences de type GNU en vue d'améliorer le port des logiciels développés pour Windows vers Linux. Cela explique aussi l'incompatibilité légendaire des IBM PCs avec les Macintosh. Les raisons liées à la différenciation et ses effets sur la concurrence sont aussi responsable de l'incompatibilité entre les biens.
La complémentarité entre les composantes est une autre source possible des externalités de réseau.
(Matutes, C. et P. Régibeau, 1988, ``Mix and Match: Product Compatibility Without Network Externalities'', RAND Journal of Economics, 19: 221-234.)
Le produit est formé de deux composantes. Ordinateur=UC + Moniteur. Les deux composantes sont des compléments parfaits: on ne peut utiliser l'une d'elles sans utiliser aussi l'autre. Soit la première composante (l'UC) et la seconde (le moniteur).
Il y a deux firmes et qui peuvent produire les deux composantes. Nous utilisons la notation suivante
Ici la compatibilité est un concept symétrique.
Il y a trois consommateurs et qui ont des préférences hétérogènes pour les différents systèmes. Soit le prix de la composante produite par la firme Chaque consommateur a une combinaison idéale de composantes: Si et alors le consommateur choisit toujours contre et si les composantes sont compatibles, préfère le système à tous les autres.
Si un consommateur achète un système il paie un prix total pour le système de Nous notons par le niveau d'utilité du consommateur dont le système idéal est . Pour nous supposons
Supposons que les composantes produites soient incompatibles. Seulement deux systèmes sont alors possibles et Soit le nombre de systèmes vendus par la firme et le prix du système homogène de la firme
Preuve : Si la firme vend à tous les consommateurs, il doit appliquer Mais peut quand même fixer pour attirer le consommateur
Par conséquent, à l'équilibre une firme vend à deux consommateur et l'autre vend au troisième.
Dans les trois équilibres les profits sont donnés par
Preuve : A vérifier (notamment pour les consommateurs).
Soit le surplus des consommateurs
Si les composantes sont compatibles, deux autres systèmes deviennent disponibles: et . Chaque consommateur peut maintenant acheter son bien idéal. Nous considérons cet équilibre.
Preuve : A vérifier.
Nous avons dans ce cas
Quel est l'effet de la compatibilité sur les performances de l'industrie?
Ces résultats proviennent du fait qu'avec des composantes compatibles , les firmes font payer aux consommateurs toute leur disponibilité à payer. Dans les équilibres un consommateur paie un prix inférieur à sa disponibilité à payer tout en achetant son bien idéal.
Imaginons maintenant un jeu en deux étapes: en une première étape, les firmes conçoivent leur produit décident d'être compatible avec le concurrent ou non. En une seconde étape, une concurrence en prix a lieu.
Comme la compatibilité est une relation symétrique dans ce modèle, le choix d'être compatible implique une externalité pour le concurrent: Si choisit de produire un compatible avec tout se passe comme si avait choisi de produire un compatible avec Cette externalité est donc différente du cas des services de support. Cette symétrie conditionne directement l'équilibre parfait en sous-jeux de ce modèle: