Le modèle de Solow va à l’encontre de la thèse de Domar : il montre que
l’accumulation du capital seul ne peut être le moteur de la croissance. Il fait
apparaître le progrès technique comme le vrai moteur. Nous connaissons la force
qui est derrière ce résultat : les rendements décroissants : le fait d’augmenter le
nombre de machine par ouvrier ( chez Solow) ne peut continuellement
augmenter la production par ouvrier
car les machines ajoutées contribuent
de plus en plus faiblement à la production.
Un autre résultat paradoxal du modèle de Solow correspond au fait que l’épargne ne peut soutenir la croissance : l’épargne réduit la consommation d’aujourd’hui pour augmenter l’investissement et donc le capital de demain mais comme le capital physique ne peut être un moteur de la croissance, l’épargne non plus.
Solow propose alors de mettre le progrès technique au coeur de la croissance : le progrès technique permet d’économiser progressivement le facteur limité (le travail) et donc de faire comme la quantité disponible de ce facteur augmentait plus rapidement dans l’économie. Ce qui, du coup, relâcherait la pression des rendements décroissants sur le capital. Pour Solow, ce progrès technique était dû à des forces non économiques comme l’avancée de la science de base.
Le seul moment économique où l’accumulation du capital peut être une source
de croissance est la période de transition vers l’état régulier. Mais cela ne peut
être possible que s’il y avait très peu de capital initialement dans l’économie et
donc si le capital avait un rendement (le taux d’intérêt) extrêmement élevé. En
fait, absurdement élevé si l’on croit les calculs de Robert King et Sergio Rebelo :
le taux d’intérêt d’il y a un siècle aux Etats-Unis aurait du être plus fort que
pour pouvoir expliquer par l’accumulation durant la transition la
croissance américaine depuis lors. Ce taux est au contraire resté plutôt stable sur
cette période longue.