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14.8 Quand Keynes rencontre Minsky : le rôle potentiel de la régulation financière

Même si cela n’est pas vraiment au coeur de ce modèle, le modèle K+S contient un secteur bancaire, réduit à une seule banque dans [Dosi, 2013] et à un réseau entre banques et les firmes du secteur final, de structure fixe dans [Dosi, 2015]. Ce second modèle considère alors la possibilité de faillites bancaires, ainsi que de leur sauvetage. Il montre ainsi que quand l’économie ralentit, le capital des banques devient plus faible et cela réduit les crédits qu’elles peuvent accorder aux firmes, du fait des règles de Bâle, ce qui peut aggraver la crise économique. Dans ce cas, une politique de réduction de taux seule ne peut aider l’économie et cela rend nécessaire une politique à double objectif, visant à la fois un taux d’inflation cible et une stabilisation de l’output, comme nous venons de le souligner dans la section précédente.
D’autres MMA se sont plus focalisés sur le rôle du réseau de crédit, et ce même avant la crise. [Gatti, 2005] contient un marché de crédit sur lequel les banques et les firmes interagissent. Le secteur bancaire est représenté sous une forme réduite dans ce modèle, et une règle prudentielle contraint leur offre de crédit en volume et en coût. Les auteurs montrent alors que ces interactions relativement simples sont capables de reproduire plusieurs faits stylisés concernant les caractéristiques des firmes (par exemple, la distribution de leur taille en termes de stock de capital) au niveau microéconomique et les cycles économiques au niveau macroéconomique.
Dans [Raberto, 2010], basé sur EURACE, les firmes peuvent se financer en s’endettant auprès des banques ou en émettant des titres sur un marché financier. Les comportements des banques, notamment le taux d’intérêt demandé pour chaque prêt, sont à nouveau guidés par les critères de Bâle II et les effets de différentes valeurs pour les exigences de fonds propres sont étudiés en présence d’une politique monétaire passive qui se contente d’adapter le taux directeur à l’inflation. L’interaction entre le taux d’inflation, le taux d’intérêt et l’offre de prêt des banques donne naissance à des cycles des affaires quand l’exigence de fonds propres n’est pas trop faible. Une crise majeure a plus de chance d’apparaître dans le cas contraire car les faillites des firmes ont un impact plus important sur les fonds propres des banques et, in fine, sur leur capacité à financer l’économie. En fin de compte, la demande et la production tirent le crédit dans l’économie et le crédit tire l’investissement et quand le crédit devient trop abondant une fragilité financière à la [Minsky, 1986] émerge. [Popoyan, 2017] propose une analyse plus détaillée des politiques monétaires et prudentielles et montre qu’une règle de Taylor à triple objectif (output gap, inflation et expansion du crédit), combinée avec une régulation de type Bâle III est la meilleure politique pour stabiliser le secteur bancaire et la production. A nouveau, nous invitons le lecteur à consulter [Dawid, 2018] pour d’autre résultats sur ces questions.

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(c) Murat Yildizoglu, 2021-