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14.7 Un renouveau pour les politiques budgétaire et fiscale?
Un des premiers modèles dédiés aux politiques fiscales [Russo, 2007] obtient des résultats quelque peu contrastés avec ceux de K+S en ce qui concerne le rôle de la politique fiscale. Dans ce modèle sans capital productif et avec un bloc innovation principalement réduit à un processus stochastique, la production du bien final est réalisée en combinant uniquement la technologie et la main d’oeuvre. Alors, deux formes extrêmes de politiques fiscales ont des effets très contrastés : la politique visant le coté offre et utilisant les impôts levés pour financer les innovations peut renforcer la croissance économique (tant que le taux d’imposition n’est pas trop élevé), tandis que la politique visant à soutenir la demande via les indemnités de chômage ne possède qu’un effet négatif sur le niveau de la production agrégée. Ce modèle est probablement trop simple et contient peu de canaux de transmission pour étudier pleinement les effets des différentes politiques fiscales possibles. Des modèles plus complets permettent de comparer les effets relatifs d’une gamme plus large de politiques budgétaires et fiscales.
Nous avons déjà vu que le modèle K+S permettait une visions plus nuancée. Des extensions de ce modèle de base, incluant le crédit et un secteur bancaire [Dosi, 2013, Dosi, 2015], permettent d’inclure encore plus de mécanismes et de comparer des politiques plus réalistes, y compris celles directement inspirées par les modalités considérées par les institutions européennes. Ils montrent qu’il est nécessaire de combiner une politique fiscale sans contrainte et une politique monétaire visant à la fois un taux d’inflation cible et une stabilisation de l’output pour assurer une croissance de long terme et une stabilité économique et budgétaire. Des règles budgétaires de type «Pacte de stabilité» s’avèrent aussi peu efficaces dans la mesure où elles nuisent aux performances économiques (en termes de croissance et volatilité économique, de chômage), tout en causant un déficit budgétaire persistant : les firmes restreintes en crédit investissent moins, réduisant ainsi la demande globale, le progrès technique et la stabilité macroéconomique. Ces effets négatifs sont amplifiés quand l’inégalité des revenus est forte et en faveur des profits car l’effet négatif sur la demande globale est plus forte dans ce cas.
Les MMA macroéconomiques permettent aussi d’aborder des questions qui possèdent une granularité plus faible : Eurace@Unibi est une version à deux régions du modèle EURACE [Deissenberg, 2008] qui permet à [Dawid, 2018] d’étudier la possibilité d’un soutien, par transfert, des pays de l’Europe du Sud en crise, par le Nord, technologiquement plus avancé. Ils montrent que le partage du financement de la dette du Sud n’a pas d’effet notable sur la croissance des deux régions, mais que des transferts plus ciblés, notamment vers les firmes qui adoptent les technologies les plus avancées, peuvent avoir un effet très favorable, avec un coût budgétaire total relativement limité. Avec un budget un peu plus important, on peut en plus financer des transferts vers les ménages et soutenir aussi la demande et renforcer l’effet du coté offre. Les résultats du modèle montrent que les coûts de telles politiques restent acceptables si on les compare avec le bénéfice de la convergence entre les régions qu’elles favorisent.
En accord avec la financiarisation croissante de l’économie mondiale depuis les années 80, les MMA les plus complets tiennent compte du rôle que le secteur financier joue dans l’articulation des activités des agents et des secteurs de l’économie et permettent aussi d’analyser le rôle de ce secteur dans les dynamiques économiques et dans l’émergence des crises.
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