Next: 9. Comprendre la croissance
Up: 8. Théories alternatives de
Previous: 8.3 Externalités et les
Nous avons donc deux types de modèles: dans les premiers, les
politiques ont un effet permanent et dans les seconds, cet effet est seulement
transitoire. Quel est le cadre le plus pertinent pour modéliser la
croissance? Les politiques ont-elles un effet permanent sur les taux de
croissance des économies?
A un niveau très global, la réponse doit être positive:
les économies industrialisées ont bien vécu des taux de croissance
significativement supérieurs dans les deux derniers siècles. Dans le
chapitre 4, nous avons exposé l'explication proposée par les
historiens de l'économie (Douglas North): cette croissance
était en grande parti due à la généralisation des droits de
propriétés qui ont permis aux individus de s'engager dans des projets
d'investissement de long terme.
Mais cette explication ne contredit pas le modèle de Romer: si
les chercheurs ne peuvent pas récupérer le fruit de leurs efforts, la
recherche s'arrête, ainsi que la croissance.
Par conséquent, on doit se placer à un niveau de détail plus fin.
Si le gouvernement augmente les subventions pour la recherche ou
l'investissement de cela aura-t-il un effet permanent sur les taux de
croissance ou seulement un effet de niveau (sur le PIB) à long terme?
Selon beaucoup de modèles, les taux de croissance augmenteraient bien
pendant quelque temps, mais pendant combien de temps? La réponse pourrait
être ans, ans, ans ou indéfiniment. La vrai question est
celle-là et non pas celle de la permanence ou non de cet effet. Un effet
très long, même s'il est transitoire, peut être très proche
d'un effet permanent. Mais l'inverse n'est pas vrai: un effet
permanent ne peut jamais approximer la situation d'un effet transitoire qui
persiste seulement ans. Le premier type de modèles propose donc un
cadre plus général.
La littérature récente propose d'autres raisons de favoriser les
modèles où il n'y a que des effets de niveaux à long terme.
Premièrement, il n'y a aucune observation empirique qui indique que la
dynamique des économies est linéaire
. La
part du capital semble plutôt proche de
selon la
comptabilité de la croissance. Même si l'on y inclue le capital humain
et les externalités, on atteint au plus ou peut-être . Mais
ce coefficient reste significativement inférieur à un.
La dynamique de la recherche et développement aussi contredit cette
linéarité: le nombre de chercheurs a considérablement
augmenté les quarante dernières années mais les taux de croissance
sont restés proche de sur cette période. Cela indiquerait donc
la présence d'un
L'expérience américaine du dernier siècle indique aussi le
même type de résultat: les facteurs qui jouent un rôle
important dans la croissance (capital, éducation, recherche) ont vu leur
accumulation s'accélérer considérablement. En 1940, un adulte sur
quatre avait un diplôme du secondaire. En 1995, ce taux a atteint
Le nombre de chercheurs a été multiplié par trois depuis 1950.
Pourtant les taux de croissance d'aujourd'hui sont à peine plus
élevés que ceux de 1870 ou de 1929.
Une dernière indication est obtenue en comparant les conséquences des
modèles de croissance endogène pour la comparaison entre les pays. Ces
modèles à effet permanent impliquent une différence permanente
entre les taux de croissance des pays dès qu'ils ne sont pas parfaitement
identiques. Or, entre 1960 et 1988 les EU et le Honduras ont eu à peu
près le même taux de croissance: les différences de
politiques économiques entre ces pays s'observent bien au niveau de leur
PIB, mais non au niveau du taux de croissance de ce PIB.
La croissance endogène doit donc être comprise dans le sens
qu'elle résulte d'une économie dans laquelle les individus qui
cherchent des opportunités de profits, peuvent obtenir le fruit de leur
effort de recherche d'idées nouvelles et plus efficaces. Dans ce sens,
elle est le fruit d'une économie de marché capitaliste. Elle n'exclut
pas la croissance d'une économie de type planifiée par exemple mais
elle ne peut l'expliquer en tant que telle.
Next: 9. Comprendre la croissance
Up: 8. Théories alternatives de
Previous: 8.3 Externalités et les
Yildizoglu Murat
2001-12-15