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Dans le chapitre 4, nous avons avancé que la présence des idées ou
de la technologie dans la fonction de production implique des rendements
d'échelle croissants. Alors nous en avons déduit que l'existence de
ces rendements croissants nécessite l'introduction de la concurrence
imparfaite: si le travail et le capital sont rémunérés
à leur productivité marginale, comme cela est le cas dans un monde de
concurrence parfaite, il ne reste pas de produit pour récompenser
l'accumulation des connaissances.
Or, il existe un moyen pour introduire les rendements d'échelle croissants
tout en maintenant la concurrence parfaite dans le modèle. L'argument
précédent montre que les individus ne peuvent être récompenses
pour leur recherche mais si l'accumulation des connaissance est juste une
conséquence involontaire d'autres activités dans l'économie, elle
peut quand même avoir lieu. Ainsi, la connaissance peut s'accumuler du
fait d'externalités.
Considérons une fonction de production Cobb-Douglas pour une firme
individuelle
|
(8.3) |
Dans cette équation, les rendements sont constants pour le travail et le
capital. Si était accumulé de manière endogène cela
impliquerait des rendements croissants.
Supposons que chaque firme individuelle prenne comme une donnée mais
que l'accumulation du capital génère en réalité de nouvelles
connaissances sur la production dans l'économie prise globalement.
Supposons donc que
|
(8.4) |
où est une constante. Chaque firme individuelle ne reconnaît pas
que son effort d'investissement améliore les connaissances de la
société sur la technologie car elle est petite par rapport à la
taille de l'économie. Le progrès technique est donc externe
aux firmes individuelles: il a lieu dans l'économie prise dans
sa globalité. Les firmes individuelles n'accumulent pas du capital parce
que cela améliore les connaissances, mais parcequ'elles en ont besoin pour
produire. Mais cette accumulation améliore quand même les
connaissances (l'apprentissage par l'expérience - Arrow(1962)).
Par conséquent, le capital est rémunéré à sa
productivité marginale privée
. Mais son accumulation
résulte dans la création d'un bénéfice non-anticipé mais
néanmoins très utile pour la société: de nouvelles connaissances.
En combinant les équations
et
on obtient:
|
(8.5) |
Si l'on suppose que la population est à nouveau normalisée à un,
c'est exactement la fonction de production que nous avons utilisée au
début de ce chapitre (l'équation
).
Pour résumer, il existe deux méthodes pour tenir compte des rendements
croissants si l'on veut endogénéiser l'accumulation des
connaissances: la concurrence imparfaite et les externalités.
Si l'on abandonne la concurrence parfaite, on peut modéliser
l'accumulation des connaissances comme le résultats de l'effort
délibéré des chercheurs pour trouver de nouvelles idées.
De manière alternative, on peut supposer que l'accumulation des
connaissances et un résultat indirect d'autres activités dans l'économie.
Les ressources consacrées à la R&D dans les firmes industrielles
modernes montre clairement que le premier mécanisme est très important
empiriquement (Silicon Valley est un autre indicateur). Mais le second
mécanisme a joué un rôle très important dans le passé et
joue encore un rôle non-négligeable dans les industries modernes.
Notons d'ailleurs que nous avons combiné les deux approches
dans le chapitre 5 (le modèle de Romer): la concurrence
imparfaite nous a permis de tenir compte des rendements croissants dans la
production et les externalités, des rendements croissants dans la
création d'idées quand (l'effet ``épaule des géants").
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Yildizoglu Murat
2001-12-15